Un sorcier ou une sorcière est une personne qui pratique la sorcellerie. Si l'image du sorcier et de la sorcière est très variable selon les cultures, la sorcière est dans le monde occidental principalement associée à sa capacité à voler sur un balai, aux sabbats et à la chasse aux sorcières. Le sorcier est parfois associé au voyant, d'autres l'associent au chaman, qui est un spécialiste de la communication avec les puissances de la nature et les défunts.
l'Antiquité :
Il est difficile d'avoir une vision exacte de la pratique de la sorcellerie dans l'Antiquité. Celle-ci était en effet réprouvée, voire interdite. Pline l'Ancien rapporte son interdiction à Rome par la Loi des XII tables vers -450. La Lex Cornelia interdisait sa pratique et condamnait à mort ceux qui s'adonnaient aux pratiques de sorcellerie : " les devins, les enchanteurs et ceux qui font usage de la sorcellerie à de mauvaises fins, ceux qui évoquent les démons, qui bouleversent les éléments, qui, pour nuire, emploient des images de cire, seront punis de mort. "
Au Moyen Age :
Au début du Moyen Âge, Clovis promulgue la Lex Salica condamnant les sorciers à payer de fortes amendes. Le code de Charlemagne prévoit également des emprisonnements pour les adeptes de sorcellerie. Parallèlement à ces répressions, se développe toute une littérature inquisitoriale (près de deux mille œuvres) dénonçant les pouvoirs maléfiques des sorcières. Parmi ces œuvres, figurent Le Marteau des sorcières, premier livre de poche, De la démonomanie des sorciers de Jean Bodin, le Discours exécrable des sorciers d'Henry Boguet.
Mais c'est en 1326, par une bulle pontificale du pape Jean XXII que commence la persécution des sorciers qui s'étale sur près de quatre siècles : « Nous apprenons avec douleur l'iniquité de plusieurs hommes, chrétiens seulement de nom. Ils traitent avec la mort et pactisent avec l'enfer, car ils sacrifient aux démons. ».
Claude Seignolle précise que ces procès et exécutions concernèrent surtout les femmes : « Satan eut ses prêtres : ce furent les sorciers. Il eut surtout ses prêtresses : les sorcières ; et c'est encore par une conséquence de la plus implacable logique que, les hommes étant seuls admis au service du Seigneur, les femmes, qui en étaient exclues, allèrent en plus grand nombre vers son rival obscur, qui les accueillait de préférence. On a dit qu'il y avait mille sorcières pour un sorcier ; c'est là une exagération manifeste, mais il est certain que la proportion des femmes, dans la foule qui se pressait à l'adoration du Bouc, l'emportait beaucoup sur celle des hommes.
Les exécutions des sorcières sont légitimées par les aveux que les inquisiteurs leur arrachent, souvent sous la torture ou par le biais de promesses mensongères. Jean Bodin cautionne ces abus de confiance : « C'est chose vertueuse, nécessaire et louable, de mentir afin de sauver la vie des innocents, et il est condamnable de dire la vérité qui pourrait détruire. ». D'abord seulement exercés par les gens d'Église, les procès sont ensuite pris en charge par les laïcs. En 1599, le roi Jacques Ier d'Angleterre montre comment il est possible de prouver la culpabilité d'une sorcière en la piquant, ou bien en la jetant à l'eau : si la piqûre ne saigne pas, la sorcière est reconnue coupable. De même si la femme s'avise de remonter à la surface de l'eau après y avoir été précipitée.
Vers la fin du XVe siècle, de nombreux Européens cultivés croyaient que les sorcières pratiquaient de nombreuses activités diaboliques en plus de la magie noire. Ils croyaient que les sorcières faisaient un pacte explicite personnel avec le diable. Le pacte avec le diable donnait à la sorcière le pouvoir d'accomplir des maléfices et la faisait entrer au service du diable. Les sorcières acceptaient alors de rejeter la foi chrétienne et d'être rebaptisées par le diable en guise de soumission. Le diable appliquait une marque sur la sorcière.
Le sabbat :
Le sabbat serait une déformation de Sabasius, c'est-à-dire Bacchus et dériverait du mot Sabazzia, les mystères dionysiaques de Thrace. Ces fêtes étaient organisées en l'honneur du « dieu cornu » de la fécondité et de la nature (incarné par Dionysos, Pan, Lug, Cernunos, Mithra). Ces fêtes s'accompagnaient de libations, de danses et d'orgies sexuelles afin de stimuler la fécondité des terres.
Les sorcières étaient réputées pour se réunir la nuit dans des endroits spéciaux pour accomplir des rites magiques. Les lieux que les sorcières choisissent pour pratiquer leur art ne sont donc pas le fruit du hasard. Les lieux de sabbat étaient en général situés à l'écart des populations, sur un mont ou bien dans une forêt. Les lieux sont très variés et permettent l’efficacité du rite, par les pouvoirs qu’on leur accorde autant que par la mémoire qu’ils suscitent, en conditionnant les acteurs de la cérémonie magique.
Halloween :
La fête d'Halloween, il y a dix siècles, était le jour de l'an païen fêté dans les pays celtiques le 1er novembre : c'était la fête de Samhain, dieu de la Mort.
Au cours de cette nuit, les sorcières enfourchaient leur balai, taillé dans du bois de genêt et enduit d'un onguent composé de plantes. Au IIe siècle, Apulée raconte dans son Âne d'or comment une sorcière nommée Pamphile s'apprête à s'envoler pour le sabbat : « Elle ouvrit un certain cabinet, en tira plusieurs boîtes. Ôtant le couvercle de l'une d'elles et en retirant l'onguent, elle se frotta pendant un temps considérable avec les mains, se couvrant de cette huile de la pointe des pieds jusqu'aux cheveux. »
Animaux et Métamorphose :
Les sorcières vivent entourées de leurs animaux favoris qui viennent leur apporter des aides magiques. Tous ces animaux (le chat noir, le corbeau, le crapaud, l'araignée, le rat, le lièvre) ont en commun avec leur maîtresse d'être redoutés et mal-aimés : ce sont autant de reflets d'elles-mêmes.
Ainsi avaient-elles le pouvoir de se métamorphoser, ce qui leur permettait de commettre leurs méfaits sans être reconnues. Sous forme de lièvres, les sorcières avaient coutume de se réunir en congrès. La rapidité que leur offrait cette forme leur permettait d'échapper à leurs poursuivants. Les longues oreilles étaient une aide précieuse pour espionner sans être vues. La patte de lièvre est considérée comme un porte-bonheur, preuve qu'une sorcière avait été mutilée de sa main, et donc privée de ses pouvoirs. Le hibou a été associé à la sorcière car il est un animal nocturne, avec de grands yeux pour espionner, et un cri parfois effrayant et associé à un présage funeste
Sorcière et enfant :
Les sorcières étaient réputées faire des repas cannibales d'enfants ou utiliser des cadavres d'enfants pour préparer des poudres ou des onguents magiques. Et, dans la croyance de l'époque, les sorcières avaient pour habitude de transmettre l'art de la magie de génération en génération ou bien de corrompre les enfants. La place des enfants dans la chasse aux sorcières est cruciale. Les vagues les plus importantes de bûchers furent accompagnées de phénomènes de grande ampleur concernant les jeunes enfants. Des enfants sorciers furent signalés partout en Europe. La condamnation de la mère pour sorcellerie faisait retomber des soupçons sur les enfants. De plus les aveux étaient facilement soutirés aux enfants.