La sirène est une créature mythologique hybride : mi-femme et mi-oiseau (tradition antique) ou mi-femme et mi-poisson (tradition médiévale).
Selon la tradition homérique, les sirènes sont des divinités de la mer qui séjournent à l’entrée du détroit de Messine en Sicile. Musiciennes dotées d’un talent exceptionnel, elles séduisaient les navigateurs qui, attirés par les accents magiques de leur chant, de leurs lyres et flûtes perdaient le sens de l’orientation, fracassant leurs bateaux sur les récifs où ils étaient dévorés par ces enchanteresses.
L’origine des sirènes n’est pas vraiment claire. Selon la mythologie, elles étaient filles du fleuve Achéloos et de la Muse Calliope (ou de Terpsichore, la Muse de la Danse). Les Romains racontent d’ailleurs que les sirènes étaient à l’origine des femmes normales, elles auraient été les compagnes de Coré, devenue par la suite « Perséphone », et auraient laissé Hadès l’emmener. Les sirènes auraient reçu leur forme comme punition pour ce crime et, par la suite, les sirènes, chantaient prophéties et chansons relatives au royaume d’Hadès.
Dès l’Antiquité, le débat fut vif concernant la localisation des épisodes homériques. Selon les Grecs, les sirènes vivaient sur une ou plusieurs petites îles vertes situées à l’ouest de la Sicile : Anthemusa et les îles des Sirènes (selon les Siciliens, près du Cap Péloros, aujourd’hui Faros, tandis que les Latins les situent à Capri), se montrant particulièrement redoutables à l’heure de la sieste, par temps calme.
Les sirènes étaient représentées, chez les Grecs, avec « un corps d’oiseau et une tête de femme, et jamais avec un corps de poisson comme dans les mythes nordiques ». Cependant, il faut noter qu’Homère ne fait aucune allusion à des femmes-oiseaux. Le texte semble même suggérer qu’il pense à des femmes normales se tenant au bord de la mer. La nature hybride de la sirène, mi-femme, mi-oiseau, est expliquée par la mythologie comme une punition qui les relie au monde infernal. Sur les monuments funéraires, elles figuraient des divinités léthifères chantant au son de la lyre et laissant supposer des intentions érotiques à l’égard du héros décédé.
Pour les Scandinaves, la sirène est un monstre redoutable appelé Margygr (la « géante de mer »). L’œuvre norvégienne le Miroir royal la décrit comme une avenante créature ressemblant à « une femme en haut de la ceinture, car ce monstre avait de gros mamelons sur la poitrine, comme une femme, de longs bras et une longue chevelure, et son cou et sa tête étaient en tout formés comme un être humain ». Ce monstre paraissait grand, avec un visage terrible, un front pointu, des yeux larges, une grande bouche et des joues ridées.
Notons que les anglophones appellent siren, les sirènes antiques (mi-femmes, mi-oiseaux), et mermaid, les sirènes scandinaves (avec une queue de poisson).
D’illustres navigateurs ont dit avoir rencontré des sirènes : Christophe Colomb, en 1493, en aurait vu trois près des côtes de Saint-Domingue, « mais elles n’étaient pas aussi belles qu’on les décrit… » Un avis qui n’est pas partagé par les marins d’un navire américain qui ont observé, vers 1850, près des îles Sandwich (Hawaï), une sirène « d’une grande beauté qui ne cédait en rien aux plus belles femmes ».
les sirènes sont souvent représentées avec un miroir et un peigne.
Selon Édouard Brasey, ces créatures océaniques se regardent dans un miroir, qui symbolise la planète Vénus dans tradition astronomique. Aphrodite, la déesse de l’Amour née de l’écume marine, est souvent représentée avec un miroir d’or. Même si elle n’a pas de queue de poisson, elle serait l’ancêtre des sirènes et la « protectrice des marins »
De nombreuses légendes européennes font état de sirènes, vivant non seulement dans la mer, mais aussi dans les rivières et les petits cours d’eau. Elles portent le nom de sirènes ou des noms vernaculaires (ondines, nixes dans le domaine germanique, dragas ou donas d’aiga — dames d’eau — en Occitanie, etc.), mais leur description est généralement conforme à l'imagerie traditionnelle : des êtres moitié femme et moitié poisson. Selon certains récits, elles sont immortelles ; les deux premiers siècles de leur vie elles s’amusent et découvrent l’océan, mais ensuite elles se sentent seules et veulent aimer et se faire aimer par un humain. Elles sont généralement représentées avec une queue de poisson d'un seul tenant ou divisée en deux. Dans l’imaginaire celte, la sirène séduit les pêcheurs en mer et enlève les enfants.
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